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Le Curalis de Jean-Charles

Ce Mercredi-là 30 Janvier, météo favorable oblige, je ne peux que répondre trois fois "oui" à l'invite du collègue Jean-Charles qui vient d'arriver dans le Finistère Nord et souhaite découvrir la pratique du VDD (vol de dunes ! ) au Pays des Abers. Difficile en effet de résister "à l'appel des manches" quand le ciel bleu est annoncé en cette période hivernale quelque peu arrosée. Affirmer ensuite que le plaisir de la sortie s'avère gâché par le fait de savoir que la majorité des collègues se trouve au boulot à ce moment-là, constituerait il faut bien le dire un mensonge quelque peu éhonté...
J'avais pourtant prévu d'être sérieux aujourd'hui en avançant sur le P51, mais tant pis !) L'état-major du club pourra encore dire que je n'ai pas de volonté (i.e. que je dis oui à chaque fois qu'on me propose d'aller voler ) et que le chantier du Lunak n'avance pas assez vite (bien au chaud dans son carton, c'est sûr que le beau planeur jaune ne risque d'attraper la grippe !) .
Pour cette sortie, nous avions initialement choisi d'aller tester les dunes de Ste Marguerite à Landéda, mais les changements de vent annoncés pour le courant de l'après-midi (force et direction) nous incitent à jouer la sécurité en optant plutôt pour le site de St Pabu, qui est situé à 25kms au N-NE de Brest (cf carte n°1). Comme disent mes bons amis modélistes, vu comment c'est paumé et loin dans le "grand nord", ça commence à ressembler à "Koutchouac" (même les esquimaux trouvent ça loin ! ).
Plus proche en fait de Lampaul-Ploudalmézeau, ce système dunaire étendu assure en effet une bien meilleure dynamique et est surtout en mesure de procurer des orientations de vol beaucoup plus larges (cf carte n°2) : vue de la plage, la ligne de crêtes "culmine" en moyenne à environ 5 mètres de haut (sur 2,5kms de long) pour des directions de vent s'étalant de NE (cf spot "A") à NO (cf spot "C") en passant par...le Nord ! (cf spot "B"). La fréquentation régulière du site par les parapentistes en prouve d'ailleurs la qualité : il n'est pas rare en effet d'y rencontrer nos amis les "couches-culottes" en train de faire du "radada" tout le long de la plage.
Arrivés sur place après un long trajet d'un peu plus de 10mn en voiture (z'ont de la chance ces Parisiens...), nous montons nos modèles "Mousse" : Cularis pour Jean-Charles et EasyGlider? pour moi. Deux modèles "EPP" électrifiés parfaitement adaptés à la configuration des lieux puisqu'ils garantissent à la fois robustesse (le matériau qui les compose autorise d'avantage de "facéties" qu'avec une "dentelle" en structure :-) ) et une certaine sécurité au posé (si l'on s'est laissé embarqué trop en arrière et que les rabattants guettent, un coup d'hélice et tout rentre rapidement dans l'ordre).
Pour mettre Jean-Charles en confiance (il me dit n'avoir jamais mis en l'air un planeur dans autant de vent ), les premiers vols sont tout d'abord effectués avec l'EasyGlider? : en effet celui-ci n'a pas l'inertie de son grand frère et ce n'est pas -loin s'en faut- la première fois qu'il agite son empennage à la verticale des oyats !)
Notre ami l'ex-nordiste (JCH vient de là-haut !) étant un planeuriste moustachu (tant au sens figuré qu'au sens propre du terme ), le coup des "huit" à réaliser parallèles à la pente avec virages "bout au vent" est pigé très rapidement. Après vingt petites minutes d'un tel rodage et quelques photos "floutées" à la clé ( , nous décidons donc logiquement de passer sans plus attendre à la taille d'oiseau supérieure.
Connaissant bien le site, la pratique du VDD-VDF ("F"=falaise), et les réactions du "ZiziGlandeur?" en l'air ) , l'intérêt de la sortie consiste pour moi (en supplément bien entendu d'avoir le plaisir de partager l'instant avec Jean-Charles) à découvrir comment le Cularis va se comporter dans ce type de vol. Si j'ai été impressionné par les qualités voilières de ce modèle en mousse lors des quelques démos réalisées par son pilote-proprio au terrain et par temps calme, je suis en revanche plus curieux d'examiner comment le planeur réagira dans des conditions d'aérologie "un peu plus animées" (25-30 kmh, avec quelques rafales à 35kmh).
Bon, sans tenir plus avant le lecteur en haleine ) , le résultat est véritablement excellent. Ce qui frappe tout d'abord, c'est la propreté des trajectoires : là où l'EasyGlider? se fait un peu chahuter dans tous les sens si l'on ne "pousse" pas suffisamment, le Cularis vole tout droit sans dévier de son axe (la différence d'envergure et de poids est là !). Jean-Charles m'ayant gentiment prêté les manches, je peux ensuite constater que le Cularis se comporte en l'air comme "un vrai" planeur, notamment sur le plan de l'inertie : par rapport à l'EasyGlider?, la différence est plus que sensible, notamment à l'atterro !
En vol c'est donc un vrai régal : en dépit d'une absence de couplage des volets aux ailerons (ce qui lui donnerait encore plus de répondant), le modèle réagit au doigt et à l'oeil. La vitesse devient importante à la moindre prise de badin, et la boucle passe sans aucun problème (même sans véritable clé d'aile, le tout semble costaud ). Les volets sont très efficaces, et avec un ou deux crans en positif ça freine et ça monte aussitôt (les goélands n'aiment pas se retrouver au dessous ).
Côté motorisation, l'ensemble choisi par Jean-Charles (moteur à cage tournante Himax ?) couplé à des lipos en 3S (2300 mah ?) font que l'engin grimpe littéralement aux arbres avec à la clé une autonomie monstrueuse (3 à 4 fois supérieure à celle de mon EasyGlider? !).
Bref super engin, très polyvalent, certes sensiblement plus fragile que l'EasyGlider?, mais qui se comporte en vol comme un "vrai" planeur, avec des possibilités beaucoup plus étendues que son petit frère (qui pourtant m'avait déjà bien bluffé pour une "mousse").
Pour finir, on peut préciser que faire de la vidéo avec cet engin (charge utile + place disponible) doit devenir un jeu d'enfant.

En passant, et puisque le contexte du récit s'y prête, juste un petit rappel des règles (de bon sens) à appliquer afin que cette pratique aéromodélistique "libre" (i.e. en dehors du terrain, donc avec exclusion formelle des modèles thermiques !) puisse encore être admise le plus longtemps possible :
1) Priorité à la sécurité, en particulier celle des spectateurs-promeneurs : ne faire voler que des modèles dont les caractéristiques (poids, envergure, inertie) sont compatibles non seulement avec le site (espace de vol, partage avec les autres usagers, zone de posé, ...) et également et surtout avec...les capacités du pilote : un modèle, même en mousse, qui se "vautre" en plein milieu du chemin des promeneurs et/ou du parking, ça peut être (très) dangereux !).
Inutile de préciser que la période estivale où les touristes font bronzette sur la plage n'est pas la plus propice à la descente au trou : s'il y a peu de vent, privilégier la recherche des ascendances au terrain plutôt que d'angoisser en cherchant une zone libre pour poser entre les serviettes !)
Quand enfin la sécurité des autres est assurée, pensez aussi à la vôtre (vrai surtout à la falaise).
2) Respecter l'endroit : sans même parler d'abandonner au grand air vos packs d'accus usagés en même temps que ceux de coca (chose bien entendu inimaginable), quasiment tout le littoral fait désormais l'objet d'une protection soutenue de la part des autorités et/ou d'associations de défense de l'environnement. Inutile donc de prêter le flan à la moindre critique, notamment en n'appliquant pas les règles d'usage spécifiques à l'endroit (quand une clôture est par exemple posée pour protéger la flore sensée favoriser la stabilisation de la dune, ne pas passer par dessus, même si cela semblait être le meilleur endroit pour voler).
3) Privilégier les sorties en petit groupe plutôt que les RDV du style "rassemblement de la mission évangéliste X" avec caravanes, fanfare, barbecue et tout le toutim ! : pour continuer à vivre heureux en pratiquant sans (trop) de contraintes notre passion, pensons donc (sans nous cacher complètement, car le pilotage depuis l'intérieur d'un ancien blockhaus ne facilite pas le suivi à vue du modèle ) à ne pas nous étaler non plus trop ostensiblement...

La prise en compte de ces quelques conseils ne peut que favoriser la poursuite de la pratique de notre discipline dans des sites naturels quasi magiques, dont il serait dommage de ne pas pouvoir profiter encore longtemps...
Donc, vivement la prochaine fois, que l'on retourne à la dune avec l'ami Jean-Charles et son Cularis !)

Philippe N.

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